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Documents Justice
20 janvier 2009

Lieutenante - Etre femme dans l’armée française de Marine Baron

baron Je m'appelle Marine Baron, j'ai vingt-cinq ans. Je viens d'un milieu de gauche, aisé, cultivé, et plutôt antimilitariste. J'ai suivi une formation universitaire de bon niveau, mais à vingt-deux ans j'ai brusquement choisi d'arrêter mes études pour m'engager dans l'armée. J'y ai passé en tout deux années. Je suis entrée dans la Marine nationale au sein d'une unité des forces spéciales, masculine à 97%, où je suis devenue officier d'état-major. Je me suis impliquée dans mon travail, et j'ai fini par intégrer l'école de Saint-Cyr-Coetquidan, car je pensais faire une carrière d'officier. Cependant, mon expérience de femme militaire n'a pas été très heureuse. J'ai dénoncé mon engagement et je suis repartie d'où je venais. J'avais différentes raisons d'écrire ce texte : d'abord, faire connaître un milieu singulier et secret, avec ses faiblesses, ses contradictions mais aussi sa richesse, et ses bons côtés. Ensuite, je voulais décrire un milieu d'hommes avec des yeux de femme. Enfin, je voulais faire comprendre à mon lecteur le passage du monde civil au monde militaire qui fut le mien. »

Lieutenante

Etre femme dans l'armée française de Marine Baron

[Biographie]

http://www.evene.fr/livres/livre/marine-baron-lieutenante-38931.php

Le récit d'une «lieutenante»

Marine militaire

Pour les générations de l'après-guerre élevées dans le refus de l'armée, il est étonnant de voir une jeune femme s'enrôler dans la grande muette. Surtout si elle a fait de bonnes études et vient d'une famille antimilitariste. Au fil des pages, pourtant, apparaît ce qui a poussé Marine Baron, à 22 ans, dans la Royale chez les fusiliers marins : haine de son milieu socialiste (gens de gauche, attention, vous fabriquez des électeurs de droite à la chaîne), besoin d'une structure disciplinée, goût pour le confort carcéral de la caserne. Il y a là comme une expérience des limites, un défi lancé à un monde machiste et servile à la fois. Très vite, en effet, les compétences de la lieutenante buteront sur la misogynie de ses compagnons pour qui la femme se réduit à quelques détails anatomiques. Elle n'est plus qu'une «miss». Brimades, humiliations publiques, insultes vont devenir l'ordinaire de ses deux ans d'entraînement intensif où elle apprendra à répondre du tac au tac et réussira à retourner en sa faveur quelques gradés qui la détestaient. L'on admire le cran de cette jeune bourgeoise lancée dans la meute. Mais trop de rebuffades auront raison de sa bonne volonté.

Curieusement, la guerre est l'absente de ce récit brillamment mené. Les jours, les mois se consument en corvées, manoeuvres, simulations, mais pas de front ni de bataille. Marine Baron se livre à une spectrographie saisissante de l'appareil militaire, cette mère sévère, qui accueille les enfants perdus, les prend en charge, ne les abandonne jamais. On comprend l'étrange séduction que cette institution peut encore exercer en un temps d'individualisme forcené. On souhaite à l'armée française de nombreuses recrues , comme Marine Baron, et à la littérature française de nombreuses lieutenantes comme elle, qui nous change du ronron fastidieux de l'autofiction.

« Lieutenante », par Marine Baron, Denoël, 192 p., 16 euros.

Pascal Bruckner

Le Nouvel Observateur

SEMAINE DU JEUDI 15 Janvier 2009

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2306/articles/a392598-.html


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Commentaires
M
J'espère que ce livre va donner des idées à toutes celles qui connaissent et subissent le même calvaire au quotidien.<br /> Cette situation ne concerne pas seulement les femmes affectées à l'école des Fus ! même en état-major ou dans les ports c'est l'enfer ! Ce livre va me donner l'impulsion et le courage de faire de même ... et j'ai aussi de quoi en dire des pages et des pages.<br /> Bravo à Marine et à sa qualité rédactionnelle.
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