« Le voyage de la chaîne » - (Scènes quotidiennes de la vie des bagnes maritimes au XIXe siècle) - Deuxième partie
L’ordonnance de 1836, surtout si on la justifie par la nécessité morale » ; signifie bien plus qu’un simple aménagement technique, qu’une accélération du transport des forçats. Dans son Surveiller et punir, Michel Foucault a montré que le remplacement des chaînes par une mécanique cellulaire marque une étape essentielle, celle de la quasi disparition de l’ancienne économie des châtiments. Une autre disposition de la loi de 1836 mérite d’être évoquée. En supprimant les chaînes, la loi élimine aussi, à l’article 2, la ventilation des condamnés aux travaux forcés selon la durée de leur peine. Le rapport préliminaire contient déjà une remise en cause des bagnes, ou plus exactement de leur possible réforme : « Le but moral que se proposait l’ordonnance de 1828 n’ayant pas été atteint, l’intérêt du Trésor, comme celui de la santé des forçats, et même de la sûreté publique, conseille donc, après une expérience de huit ans, de renoncer aux classifications. » Il ne s’agit pas seulement d’une mesure dictée par l’économie et le bon sens. Le constat de l’échec moral des classifications prépare aussi, après l’abolition des chaînes, la suppression de ce bagne incorrigible et dangereux qui n’a jamais pu se débarrasser de ses odeurs de galère…
« Le voyage de la chaîne » (Scènes quotidiennes de la vie des bagnes maritimes au XIXe siècle) Fiche pédagogique n ° 4 / Deuxième partie Document de Philippe Poisson Fiche_pédago_n°4_la_chaîne_deuxième_partie - document en version format PDF