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Documents Justice
15 mars 2009

Le procès de la baleine

En 1818, un tribunal de New York se prononce sur une question bien étrange : la baleine est-elle ou non un poisson ? Loin d’être seulement anecdotique, ce procès qui mobilise scientifiques, baleiniers et négociants permet à l’historien Graham Burnett d’écrire un livre fascinant sur l’histoire des sciences naturelles avant le darwinisme.

Recensé : Graham Burnett, Trying Leviathan : The Nineteenth-Century New York Court Case That Put the Whale on Trial and Challenged the Order of Nature, Princeton, Princeton University Press, 2007.

La baleine est-elle ou n’est-elle pas un poisson ? Cette question, qui fut débattue lors d’un procès à New York en 1818, est au centre du livre que Graham Burnett, professeur d’histoire des sciences à l’université de Princeton, a publié sous le titre Trying Leviathan en 2007. À partir de l’étude minutieuse de ce procès en apparence mineur entre un commerçant d’huile de baleine et un inspecteur privé en charge du contrôle de la qualité des huiles, dont il restitue en détail les enjeux et les arguments, l’historien s’interroge sur les rapports entre la science et la société et sur la place de l’expertise en démocratie. Si le point de départ du litige paraît ténu – le négociant Samuel Judd refuse de payer les droits que l’inspecteur James Maurice exige après avoir contrôlé la qualité de l’huile de baleine dont Judd fait commerce – Burnett, adepte d’une histoire de la construction sociale des savoirs scientifiques, fait de cette controverse un lieu privilégié pour observer l’entrecroisement des arguments économiques, religieux et scientifiques au moment de la constitution des sciences naturelles.

Pour le négociant Judd, le contrôle exercé par l’inspecteur James n’a tout simplement aucune raison d’être : la baleine n’étant pas un poisson, l’obligation du contrôle imposée par la loi ne s’applique pas. Derrière ce qu’il considère comme une évidence, Judd soulève en réalité une question qui est loin d’être tranchée au début du XIXe siècle : pour beaucoup de profanes, la baleine est un poisson comme les autres, quels que soient les avis formulés par les adeptes de la classification anatomique. Sûr de son bon droit et de la justesse de son raisonnement, l’inspecteur James Maurice décide alors de poursuivre Judd devant les tribunaux pour faire reconnaître la légalité du contrôle exercé et obtenir le paiement des droits afférents. Il revient alors à la justice de se prononcer sur la nature de la baleine, pour régler un litige d’ordre commercial et administratif.

Pour Burnett, ce procès est une occasion rêvée de démontrer une nouvelle fois, s’il en était besoin, que l’idée d’une science naturelle triomphant sans obstacle dans les premières années de la République américaine est très exagérée : loin d’être un âge d’or de la science, le début du XIXe siècle se distingue au contraire par une profonde incertitude épistémologique. Cette période est justement celle où se déroule la controverse décisive entre les croyances populaires, les convictions religieuses et les savoirs scientifiques en formation : « Il relève peut-être du cliché d’affirmer que toute taxinomie est politique, ou d’insister sur le fait que les problèmes épistémologiques sont toujours des problèmes d’ordre social ; Maurice v. Judd apporte une occasion particulièrement frappante de tester la viabilité (ainsi que les limites) d’affirmations aussi vastes » (p. 10)...

Lire l'intégralité de cet article en cliquant sur le lien ci-dessous

Le procès de la baleine

http://www.laviedesidees.fr/Le-proces-de-la-baleine.html

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