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Documents Justice
22 janvier 2009

La formation des personnels pénitentiaires en France (1)

indexPendant longtemps, les agents travaillant dans les prisons françaises n'ont bénéficié d'aucune formation sinon « sur le tas ». Cohabitaient dans les prisons, rappelons-le, quatre catégories de personnel : le personnel de direction (directeurs et inspecteurs, contrôleurs et sous-directeurs, la terminologie a varié au cours du XIXe siècle), le personnel administratif (économes, greffiers comptables, commis et teneurs de livres), le personnel spécial (médecins, chirurgiens, apothicaires, aumôniers et architectes) et le personnel de garde (gardiens-chefs, premiers gardiens et gardiens). Ces quatre catégories de personnel ne se rencontraient que dans les maisons centrales et dans les institutions pour mineurs. Dans les prisons départementales (près de quatre cent pendant tout le XIXe siècle), n’était en poste le plus souvent qu’un personnel de garde composé d’un gardien-chef, de sa femme occupée au quartier des femmes et d’un ou deux gardiens.

La Monarchie de juillet et l'Empire autoritaire avaient créé les bases réglementaires et institutionnelles grâce auxquelles l'Administration pénitentiaire avait pu se structurer et se doter des moyens et des instruments indispensables à sa politique (le premier volume de la Statistique pénitentiaire paraît en 1854, les circonscriptions départementales sont créées en 1856, la « Pénitentiaire » est dotée d'une direction en 1858), la centralisation permettant de gommer et de transcender de forts particularismes locaux. L'Empire libéral commença à mettre en œuvre des réformes importantes visant tant au traitement différencié des prisonniers (création de quartiers de préservation et d'amendement, développement des travaux extérieurs, mise en place d'une « commission pour l'examen des diverses questions relatives au patronage ») qu'à l'amélioration du service rendu par les agents. L'intérêt pour la formation des gardiens se manifeste à partir des dernières années du Second Empire d’autant que les rapports des autorités insistent, en de longues litanies, sur les insupportables carences dans le recrutement et la formation des gardiens, au point que nombreux étaient les responsables qui songeaient à les remplacer (par des frères ou des « éducateurs » laïcs).

Un des problèmes auquel l’Administration a dû faire face est donc l’éducation du gardien et son comportement vis à vis du détenu. La circulaire du 10 décembre 1857 précise bien cette situation, « A des conditions de force physique qui imposent à des condamnés enclins à la violence, et qui réclament un service de jour et de nuit, ces agents doivent joindre certaines qualités d’intelligence et d’éducation » (code des prisons - circulaire du 10 décembre 1857) - Les directeurs, à qui appartient la présentation des postulants, s’assurent de leur aptitude par un examen qui consiste en une dictée et quelques simples opérations d’arithmétique élémentaire...

Dans quelques maisons centrales dont Melun, certains directeurs organisent des écoles de gardiens avec l’aide de l’inspecteur et de l’instituteur. Le ministre souhaite vivement que cette expérience soit étendue à toutes les centrales.

L’Inspecteur Général Lalou va dans le même sens lorsqu’il dit: « La création d’une école professionnelle dans les maisons centrales, école dans laquelle, tout en complétant l’instruction primaire des gardiens, on tâchera de les former de manière à ce qu ‘ils soient capables d’exercer une influence morale sur les détenus ».

Les initiatives sont laissées à l’appréciation des directeurs, Melun a la sienne le 20 juillet 1874, mais elle est malheureusement supprimée en août 1878 sans que l’on en connaisse vraiment la cause.

Il semble que le directeur soit la première personne à limiter l’action de l’école. Les cours doivent s’effectuer durant le service des gardiens. En raison du faible effectif, il s’avère quasiment impossible de libérer ces derniers trois fois par semaine. De plus, n’étant pas obligatoire, l’école attire assez peu de candidatures. L’instituteur étant pris par ses classes de détenus et ses travaux administratifs, se trouve peu disponible pour les gardiens qui ne sont pas soutenus par l’Administration... Elle est réactivée en 1889… ( A suivre )

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